24.04.2024

Premier tour des élections régionales 2021: les leçons à retenir

Le premier tour des élections régionales 2021 s’est tenu dimanche 20 juin 2021. Ce vote a vu la participation de deux listes occitanistes autonomes: “Oui la Provence” (en Provence-Alpes-Côte-d’Azur) et “Bastir Occitanie” (dans la Région de Toulouse, qu’on appelle abusivement “région Occitanie”).

“Oui la Provence” est arrivé à 2,18% (25 209 voix). C’est un résultat modeste mais très honorable pour une première fois. L’implantation régionale des militants, le discours concret et l’union des occitanistes de différentes sensibilités ont créé une dynamique positive. “Oui la Provence” est une initiative du Partit Occitan qui a reçu le soutien de l’Assemblada Occitana. L’occitanisme ouvert promu par cette liste a permis de conquérir une existence électorale et d’obtenir beaucoup plus de légitimité démocratique que les lobbys pseudoprovençalistes (comme le Collectif Provence).

“Bastir Occitanie”, dans la Région de Toulouse, obtient 0,76% (11 510 voix). L’occitanisme et le catalanisme étaient divisés dans cette région. Seule une partie des occitanistes ont soutenu “Bastir Occitanie”. L’autre partie des occitanistes (Partit Occitan) et la majorité des catalanistes (ERC, Oui au Pays Catalan) ont soutenu la liste EELV qui, pourtant, ne disait rien dans sa profession de foi officielle en faveur des langues occitane et catalane.

En Auvergne-Rhône-Alpes, le Partit Occitan (RPS) a soutenu la liste de gauche de Najat Vallaud-Belkacem. Mais cette liste, elle non plus, de disait rien dans sa profession de foi en faveur de la langue occitane. En Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val-de-Loire, il n’y avait pas de candidature occitaniste connue.

Les résultats de ces élections nous donnent d’autres enseignements:

  • Le score de “Oui la Provence” est supérieur à celui de “Bastir Occitanie”. Cela démontre que, contrairement à ce que pensent certains faux occitanistes qui sont partisans d’une Occitane réduite à la Région de Toulouse, l’occitanisme politique a bénéficié d’une unité et d’une vitalité plus grandes en Provence qu’en Languedoc.
  • Le taux d’abstention a dépassé 65% dans les régions occitanes; cela démontre une démobilisation de l’électorat et une perte de confiance par rapport aux partis politiques parisiens.
  • Le RN a fait des scores moins importants que prévus, mais il est en première position en Provence où le poids électoral de l’extrême droite française est préoccupant (RN, souverainistes, identitaires et tendance droitisante de LR).

Il est nécessaire de développer un mouvement occitaniste fort avec une conscience forte de la culture occitane (par exemple: la culture provençale, niçoise, alpine, etc.): ce sera un bon remède contre l’extrême droite et contre le manque d’enthousiasme des citoyens en politique.

Une réflexion sur « Premier tour des élections régionales 2021: les leçons à retenir »

  1. L’information concernant Auvergne-Rhône-Alpes est malheureusement totalement erronée.
    Non seulement le Partit Occitan soutenait la liste L’Alternative mais il en était partie intégrante, visible et active au travers de ses candidats et de ses militants.
    Ensuite, la liste et plus particulièrement sa tête de liste Najat Vallaud-Belkacem ont été les seules à proposer un véritable plan public cohérent de développement des langues et des cultures de la région !
    Voici le détail des propositions. Lisez-les bien et modifier ce passage de l’article SVP.
    En dehors des partis autonomistes je n’avais jamais rencontré de telles ambitions !
     Ce qui détermine notre action pour les langues régionales, c’est la mise en place d’une véritable politique linguistique avec l’ambition de la rendre présente : dans l’enseignement, dans l’information aux habitants, dans la culture.
     Notre plan de relance culturel comprendra donc un volet linguistique pour le développement de l’occitan et de l’arpitan (franco-provençal)
     Comme sur beaucoup de sujets, nous souhaitons faire le contraire de ce qu’a fait Laurent Wauquiez depuis 6 ans. Nous voulons mettre en place une stratégie cohérente pour en finir avec le saupoudrage de subventions qui a tenu lieu de politique linguistique à Wauquiez.
     D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas rejoint l’Occitanie-Pyrénées-Méditerranée et la Nouvelle Aquitaine au sein de l’Office Public de la Langue Occitane (OPLO), cet établissement public à vocation interrégionale créé en 2016 par l’action commune de l’Etat et des régions lorsque j’étais ministre de l’Education Nationale.
     Là-dessus, comme sur beaucoup de sujets, je crois que la coopération, en particulier interrégionale est très importante. Elle crée des dynamiques, des projets. Lorsque nous serons élus, nous relançerons cette coopération en adhérant à l’OPLO pour mettre en commun compétences, projets et expertises.
     Nous engagerons donc un « Plan public conséquent de développement cohérent des langues de la région -occitan et arpitan- élaboré et mis en œuvre avec les acteurs associatifs et institutionnels ».
     L’objectif c’est d’assurer une transmission de la langue par le biais principalement de l’enseignement (il faut revivifier la transmission familiale qui se fait de moins en moins) et de l’encouragement à l’usage de la langue régionale dans les territoires où elle est présente. Pour cela, la Région – dont cette politique linguistique et culturelle est l’une des compétences – doit initier un véritable plan de développement de l’occitan et de l’arpitan.
     Ce plan sera conçu de manière partagée, c’est-à-dire qu’il va être élaboré et mis en œuvre, avec toutes les populations, tous les acteurs, concernés pour permettre une véritable sensibilisation des habitants de la région sur l’intérêt de ce développement (un intérêt patrimonial, un intérêt parce qu’au même titre que l’enseignement des langues étrangères, l’enseignement des langues régionales permet de développer des compétences linguistiques, un intérêt par l’ouverture à l’altérité, à l’attachement au territoire et à son développement, mais aussi à l’échange culturel européen avec des voisins qui pratiquent des langues proches, des langues sœurs en Italie, en Espagne…).
     Étant donné la situation catastrophique des langues propres à la région, ce plan sera progressif mais avec des objectifs importants.
    o Nous mettrons en place une sensibilisation des élèves aux langues régionales, parfois dès l’école maternelle, organisant la formation de formateurs en lien avec les universités, les ESPE
    o Nous utiliserons les langues régionales dans la communication régionale (journal régional, communication dans les bus et train TER, dans les lycées…) pour les territoires concernés, en Ardèche, dans la Drôme, dans le Cantal…
    o Nous soutiendrons les collectivités infrarégionales dans la mise en œuvre d’une stratégie de développement de la langue et dans leur communication en langues régionales (communes, communautés de communes, départements, parcs naturels…) ; c’est une responsabilité qui doit être partagée par tous, la Région « chef de file » aura un rôle d’impulsion et de
    o Nous conventionnerons avec les associations en leur confiant des missions de sensibilisation aux langues régionales. La multiplication par 10 du budget des associations qui va passer de 15 millions à 150 millions nous permettra de les soutenir fortement.
    o Nous mettrons en place une coopération interégionale avec les régions où est présente la langue occitane, c’est à dire, en AuRA, outre la majeure partie de l’Auvergne et du Sud de Rhône-Alpes (Ardèche, Drôme et Sud de l’Isère), la Nouvelle Aquitaine (avec le Limousin), l’ « Occitanie centrale » ainsi que la Provence. Elle aura vocation à partager les pratiques et à soutenir des projets communs.

Les commentaires sont fermés.