L’Assemblada Occitana s’oppose catégoriquement au projet controversé de l’autoroute A69 en Languedoc.
En général, nous soutenons le développement socio-économique de l’Occitanie à condition qu’il ne trouble pas gravement l’environnement et la biodiversité, et qu’il profite réellement à la population locale. Nous constatons que, dans le cas présent, ces deux conditions ne sont pas remplies.
Pour rappel, la A69 est un projet d’autoroute de 53 km qui doit relier Castres à Verfeil, près de Toulouse. Sa construction a commencé en mars 2023. On prévoit de l’ouvrir en 2025 et on estime qu’elle coûtera 500 millions d’euros.
Le groupe Pierre Fabre, premier employeur du Tarn, est le principal promoteur du projet. Il en est même à l’origine. Il soutient que l’autoroute favoriserait la compétitivité et l’attractivité du territoire. En fait, l’autoroute permettrait au groupe de se développer en améliorant l’accès à son site, aussi bien pour les employés que pour les camions de marchandise.
Le groupe Fabre a fait du lobbyisme auprès des décideurs politiques et a obtenu que le projet soit déclaré d’utilité publique par les différents gouvernements sous Sarkozy, Hollande et Macron. La concession a été accordée à la société Atosca, dont le groupe Fabre est actionnaire. Atosca assurera la construction de l’autoroute et l’exploitation du péage.
Les opposants à la A69 ont tenté sans succès d’obtenir la suspension des travaux puis l’abandon du projet. Parmi eux, figurent des associations environnementales, des organismes scientifiques, des collectifs, des personnalités internationales ainsi que des instituts comme l’Autorité environnementale et le Conseil national de la protection de la nature. En outre, plusieurs sondages révèlent que plus de 60% de la population du territoire concerné est favorable à l’abandon du projet.
On reproche notamment les points suivants:
- L’impact écologique du projet le rend incompatible avec les objectifs de préservation de la biodiversité et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
- Les moyens de compensation proposés par Atosca manquent de réalisme: les jeunes arbres plantés par compensation ont souffert d’un taux record de mortalité.
- L’analyse socio-économique du projet souffre de manquements sérieux: elle se base sur des données de trafic obsolètes. De plus, on estime que l’intérêt socio-économique ne compense pas les «atteintes» importantes à l’environnement.
- Le montage juridique et financier a fait l’objet d’une enquête; en même temps, une plainte a été déposée contre Atosca pour sa gestion des eaux pluviales et souterraines dans les travaux en cours.
- Le prix de la future autoroute est prohibitif, d’autant plus que celle-ci remplacera les actuelles voies rapides et gratuites qui contournent les villes de Puylaurens et Soual.
De plus, il existe un projet alternatif qui nous paraît plus pertinent: transformer la route nationale (la RN 126) en «véloroute nationale» et renforcer les transports collectifs connectés.
Enfin, l’Assemblada Occitana dénonce la répression des manifestants pacifiques de la part des autorités de l’État français. Le préfet du Tarn a interdit toute manifestation sous le prétexte fallacieux que, parmi les participants, il y aurait des centaines d’éléments radicaux, dont des black blocks.
Pire, les forces de l’ordre exercent depuis des mois une entrave scandaleuses à la liberté de la presse, qui veut couvrir les mobilisations des opposants au projet. Cette situation a été dénoncée par le rapporteur spécial de l’ONU, Michel Forst.
Photo: BlueBreezeWiki