25.04.2024

Succès de l’hommage à Robert Lafont et François Fontan

Le 23 novembre, à Nice, l’Assemblée Occitane a organisé une journée d’hommage aux deux grands penseurs du mouvement politique occitan: François Fontan et Robert Lafont. En effet, cette année, nous commémorons les quarante ans de la mort de Fontan et les dix ans de la mort de Lafont.

Malgré la pluie cataclysmique qui frappait la région, des personnes enthousiastes, déjà engagées ou simplement curieuses, sont venues participer. L’acte se faisait à la Maison des Associations Garibaldi.

  • Domergue Sumien, de l’Assemblée Occitane, a évoqué ses rencontres avec Robert Lafont et les collaborations dans divers travaux linguistiques et politiques. Il a expliqué que Lafont et Fontan coïncidaient dans les valeurs humanistes et de progrès. Tous les deux considéraient que l’Occitanie est une nation. Par contre, ils n’étaient pas d’accord sur la stratégie à suivre pour émanciper l’Occitanie. Lafont défendait une vision dialectique, il cherchait une stratégie pour articuler l’Occitanie (nation primaire ou culturelle) avec les possibilités concrètes de transformation de l’État français (nation secondaire ou politique). Cependant, dans les années 1990-2000, Lafont condamnait fermement la crispation anti-occitane de l’État français et n’avait aucun problème pour collaborer avec les jeunes mouvements indépendantistes occitans comme le CRÒC ou IPO. Fontan, quant à lui, défendait une stratégie plus directe de libération nationale. Il a vécu longtemps dans les Vallées (la partie de l’Occitanie rattachée à l’État italien) et, là, il a sensibilisé la population de manière remarquable a la cause occitane.
  • Cristòu Daurore a parlé au nom de l’institution de la République Fédérale Occitane, qui était l’une des organisations invitées à l’acte. Il a expliqué l’inspiration venant de Fontan et Lafont pour motiver les nombreuses activités qui se déroulent, entre autres, dans le Pays Niçois.
  • De plus, Cristòu Daurore a lu un beau message d’encouragement de Joan Loís Veyrac, le compagnon de Fontan. Joan Loís Veyrac, dans son émouvante évocation de Fontan, a encouragé les nouvelles générations à construire l’Occitanie avec un état d’esprit optimiste et créatif.
  • Le Professeur Henri Giordan a pris la parole en tant que grand témoin de l’histoire. Il a eu la chance de connaître Lafont et Fontan, tout en étant pendant longtemps un grand ami et un collaborateur de Lafont. Il a expliqué lui aussi que, selon Lafont, l’Occitanie est une nation primaire (culturelle, ethnique) qui devait s’émanciper tout en jouant sur la démocratisation de l’État français, vu comme une nation secondaire (politique). Il a dit que Lafont, toute sa vie, soutenait que l’Occitanie est une nation; mais Lafont cherchait à faire émerger la conscience occitane en connectant l’occitanisme aux mouvements sociaux plutôt qu’en faisant des proclamations trop théoriques sur la nation. Henri Giordan a parlé également des négociations, du double discours et de la trahison de l’État français envers le mouvement occitan, en particulier sous Mitterrand. Et il a insisté sur le besoin de trouver maintenant une stratégie rénovée.
  • L’artiste Ben Vautier a pris la parole pour évoquer surtout ses souvenirs personnels avec François Fontan, qui avait un charisme dans le milieu intellectuel niçois à la fin des années 1950.
  • Henri Giordan et Ben Vautier ont aussi raconté une rencontre entre Fontan et Lafont en 1958.
  • Ciril Joanin, de l’Assemblée Occitane, a expliqué les projets de notre mouvement. Il a insisté sur le besoin de créer une dynamique et une prise de conscience dans la population, en liaison avec les mouvements sociaux, tout en s’inspirant de Fontan et Lafont. Il a démontré en particulier l’intérêt de créer des assemblées locales, de proximité, afin de développer l’action de l’Assemblée Occitane.

La rencontre s’est terminée par un apéritif et des discussions conviviales avec l’ensemble de l’assistance; et tout le monde continuait à réfléchir sur les projets du futur.