Ce dimanche, sera commémoré la centenaire de l’Armistice du 11 novembre qui a marqué la fin de la Première Guerre Mondiale. À cette occasion, on organisera ce week-end des commémorations internationales avec plus de 60 chefs d’États et de gouvernements étrangers.
L’événement a déjà provoqué un bon nombre de polémiques diverses. On reproche notamment au chef de l’État français, Emmanuel Macron, les choses suivantes:
- L’hommage rendu aux chefs militaires français, y compris au maréchal Pétain,
- L’absence de défilé militaire pour ne pas vexer la chancelière allemande Angela Merkel, invitée à la commémoration,
- L’invitation du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui perpétue le négationnisme de l’État turc à propos du génocide arménien.
En réalité, ces polémiques — pleinement justifiées en ce qui concerne l’invitation d’Erdoğan et l’hommage à Pétain — cachent un scandale d’État plus ancien et plus profond sur la commémoration de l’Armistice.
Le grand scandale, c’est que l’on fête le 11 novembre comme une victoire sur fond de patriotisme bleu-blanc-rouge:
- On ne peut pas qualifier de victoire l’issue d’une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts. Parmi ces morts on compte, uniquement dans l’État français, 1,4 million de soldats, 300 000 civils et plus de 4,2 millions de blessés, de mutilés et d’estropiés.
- On ne peut pas glorifier le patriotisme de l’un des États responsables de la folie destructrice. Cette folie résulte logiquement de la confrontation des puissances impérialistes de l’époque.
- On ne peut pas légitimer une guerre qui a mené au sacrifice de millions de vies humaines, majoritairement ouvrières et paysannes, au service des ambitions expansionnistes des États. La guerre a profité aux grandes familles industrielles et leur a permis de bâtir leur fortune.
- On ne peut pas prétendre que des centaines de milliers de soldats aient choisi de sacrifier leur vie pour la France, puisqu’ils n’avaient pas d’autre choix que de mourir au front ou d’être exécutés comme déserteurs. L’armée française est celle qui a le plus fusillé pour l’exemple.
L’hommage de Macron au maréchal Pétain est totalement scandaleux, bien sûr. Mais l’hommage d’autres politiciens aux autres commandants suprêmes et massacreurs comme Joffre, Nivelle, Foch ou Clémenceau est également scandaleux.
L’Assemblée Nationale Occitane (ANOC) n’accepte pas que la mémoire des millions de victimes de la guerre soit toujours récupérée par le chauvinisme français, et elle trouve indécent que l’on célèbre l’Armistice par des défilés militaires. Le 11 novembre ne marque pas une victoire militaire illusoire mais la fin du massacre de milliers d’Occitans dans une guerre qui n’aurait pas dû les concerner.
La persistance de beaucoup d’Occitans à se revendiquer français, sous prétexte que leurs ancêtres sont “morts pour la France” pendant la Grande Guerre, est le signe d’une énorme aliénation. Un Occitan conscient doit comprendre que ses ancêtres n’ont pas choisi de mourir pour l’État français. Ils ont été manipulés et utilisés au profit des ambitions impérialistes de Paris.
La première Guerre Mondiale a accéléré la destruction programmée des langues et cultures minorisées (dites “régionales”). Elle a renforcé l’imposition du français et a construit dans le sang la mythologie nationale française.