26.04.2024

Face au nationalisme français et à la mascarade électorale de 2017, l’ANÒC appelle à l’émergence de l’alternationalisme occitan!

Depuis plusieurs semaines, les Occitans se déchirent dans des débats stériles autour d’une élection présidentielle française sans grands enjeux concernant la défense des intérêts occitans.

Cette réalité est à l’image du territoire de la Grande Occitanie qui se partage globalement entre départements acquis à un candidat, Emmanuel Macron, dont le discours fétichiste à la gloire de la langue française unique et de son expansion montre qu’il n’est pas un ami de l’occitan, et ceux qui ont voté majoritairement pour une autre candidate, Marine Le Pen, qui est encore pire vu qu’elle défend un nationalisme expansionniste français encore plus radical, en manifestant ouvertement sa haine envers les langues régionales et sa volonté de retourner au centralisme parisien extrême, avec la suppression des régions et de la collectivité territoriale de Corse.

Personne parmi l’ensemble des candidats initiaux n’a proposé, dans son programme, des engagements ou déclarations allant dans le sens de nos revendications; parmi celles-ci figurent spécialement:

  • La reconnaissance et la promotion de notre langue et de notre culture occitanes avec les valeurs de notre civilisation.
  • L’attribution aux régions de compétences dans les domaines économique, culturel et politique et des moyens correspondants pour nous permettre de répondre aux désirs des populations.
  • La restructuration des territoires pour qu’ils correspondent aux liens sociaux et culturels des populations et pour abolir l’abandon des périphéries au profit des métropoles qui seules tirent profit de la «mondialisation».
  • La capacité de décider de ce qui est bon pour nous.

La réalité est qu’aucun candidat et aucune élection, de quelle nature que ce soit, n’apportera jamais de changements favorables à la cause occitane; parce que premièrement, le système électoral français établit une sorte de monarchie élective républicaine –héritage bonapartiste unique en Europe- en confiant tous les pouvoirs à une seule personne inattaquable; et deuxièmement parce que le paysage politique de l’État français est monopolisé par la pensée nationaliste française de nature parisianiste, centraliste, expansionniste, unitariste, rétrograde, autoritaire, sécuritaire, discriminante et minée par les affaires de corruption. Par conséquent, l’ANÒC ne se sent pas concernée par l’élection présidentielle française.

Face au nationalisme français qui nie l’existence du sentiment national occitan et qui est vecteur de haine entre toutes les communautés qui vivent en Occitanie, l’ANÒC promeut pour le peuple occitan un mode de pensée alternatif: l’alternationalisme occitan, d’esprit ouvert et progressiste, à l’opposé du nationalisme français !

— Le nationalisme français se veut expansionniste en promouvant l’impérialisme linguistique (la francophonie) et l’universalisme néocolonialiste (DOM-TOM, Françafrique); l’alternationalisme occitan est pour la pluralité et l’officialité des langues et cultures du Monde e l’émancipation des peuples en lutte.

— La mentalité aristocratique du nationalisme français se caractérise par le culte de la grandeur et du prestige et la croyance en un pouvoir fort et un homme providentiel; l’alternationalisme occitan promeut un pouvoir démocratique participatif, fédéral, parlementaire, selon les modèles suisse et scandinaves.

— Le nationalisme français défend la vision d’un État providence fort et centraliste; l’alternationalisme occitan préconise une gestion autonome et complètement décentralisée.

— Le nationalisme français voit le souverainisme de l’État français comme une parade contre l’impérialisme américain; l’alternationalisme occitan voit l’État français comme un impérialisme identique à celui des Anglo-américains, des Chinois, des Russes ou autres.

— Le nationalisme français fait de l’énergie nucléaire (qui emploie pourtant des centrales à charbon étrangères) une fierté nationale; l’alternationalisme occitan se veut écologique et préconise les énergies renouvelables, décentralisées et locales.

— Le nationalisme français est vecteur de haines, de visions stéréotypées, d’exclusion sociale et de discriminations de toute sorte (machisme, xénophobie, homophobie); l’alternationalisme occitan se veut féministe, solidaire avec les étrangers et les victimes de la précarité, et pour l’égalité totale de droits des minorités sexuelles.

— Le nationalisme français voit le catholicisme comme base de son identité (France fille aînée de l’Église); l’alternationalisme occitan revendique le droit de croire ou de ne pas croire en ce que nous voulons et rappelle que l’Occitanie a toujours été une terre d’hérésies et de contestation.

— Le nationalisme français entretient le mythe racial des ancêtres gaulois qu’il veut généraliser pour tout le monde; l’alternationalisme occitan assume l’héritage culturel latin et hellénique laissé par les Romains, la pluralité de ses ancêtres (Ligures, Ibères, Aquitains, Romains, Wisigoths, Arabo-berbères) e le fait que le peuple d’Occitanie résulte d’un métissage culturel réalisé au fil des siècles.

— Le nationalisme français base sa fierté historique sur les conquêtes militaires et coloniales et glorifie les guerres de Napoléon et de 14-18; l’alternationalisme occitan voit celles-ci comme des catastrophes résultant de l’aventurisme de l’impérialisme français et fonde sa fierté historique sur l’âge d’or culturel de la civilisation des troubadours, cavaliers-poètes qui chantaient l’amour.

— Le nationalisme français s’enorgueilli que la France soit le pays des Lumières et de la Révolution, symbole de progrès et d’émancipations; l’alternationalisme occitan rappelle qu’elles étaient à l’origine de l’hégémonisme culturel français et de la répression contre les langues régionales, et que les valeurs progressistes de liberté et d’égalité étaient promues de nombreux siècles avant, par la civilisation des troubadours dans toute l’Occitanie.

Pour l’ANÒC, la vie et l’avenir des citoyens de toute l’Occitanie dépend non pas des élections mais de la capacité du peuple occitan de se mobiliser pour considérer un avenir autre que celui proposé par le système centraliste et suprématiste français.